Valorisation de l’entreprise – Quid de l’impact du Covid-19 dans le calcul de la valeur de votre entreprise ?

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Dans le cadre de la semaine de la transmission, en novembre dernier, en collaboration avec le cabinet de cession-acquisition Best-Value, nous avions organisé un webinaire sur l’évaluation des entreprises en période de crise. Ce sujet étant toujours d’actualité aujourd’hui, il nous semblait intéressant de vous en toucher un mot car tout le monde aime être informé de la valeur des choses, surtout s’il s’agit de son entreprise, le fruit de ses investissements et de son travail. Mais qu’entend-on exactement par-là…

Concrètement, valoriser une entreprise, c’est calculer sa valeur financière en tenant compte des données comptables passées et de son potentiel de développement dans le futur. C’est un exercice complexe, qui nécessite de prendre en compte une multitude de paramètres. D’autant plus en 2021, avec toutes les évidences économiques et financières de la crise du Covid-19 qui se trouvent nécessairement dans les chiffres actuels et dans les projections.

Parlons tout d’abord de la valeur des entreprises…
Avant d’entrer dans le vif du sujet, et au niveau de la terminologie, il convient déjà de bien faire la différence entre la valeur et le prix. Eh oui, on confond souvent ! Pour rappel, la valeur est le montant estimé par les experts sur base de méthodes qui ont fait leurs preuves, alors que le prix est la valeur définitive que le cédant percevra, sur base d’une négociation sonnante et trébuchante avec l’acheteur. Mais penchons-nous immédiatement sur les fameuses méthodes de valorisation qui sont nombreuses, on l’a dit. Les plus connues sont les flux de trésorerie actualisés, l’EBITDA, l’actif net réévalué, la méthode des rendements, celle des Anglo-saxons, celles des praticiens, la méthode d’achat des résultats annuels, la rente abrégée du goodwill… Nous avons choisi de vous expliquer les principales. Attention quand même qu’il conviendra, avant d’appliquer les méthodes en question, d’analyser de manière attentive les résultats afin de normaliser les choses (ex : on pourrait avoir, dans une première société, un gérant qui ne se rémunère pas et, dans une seconde, un gérant très bien rémunéré et qui a pris en surplus une grosse assurance groupe, via back-service, la dernière année…).

Et, maintenant, quid du prix final retenu ?
Une fois la valeur établie, et le prix déterminé… il faut encore vendre. Ben oui, rappelez-vous que c’est l’idée de départ. Et c’est là aussi, souvent, que tout se complique, peut-être davantage encore aujourd’hui d’ailleurs. En temps normal, un cédant souhaite non seulement que le prix de cession de sa société se rapproche le plus possible de la valeur estimée, mais également que celui-ci soit fixé de manière définitive et invariable au moment du closing (c’est-à-dire à la signature). En effet, le cédant préfère le plus souvent clôturer les choses en une fois, et empocher ce faisant la majeure partie du montant en un seul versement. Sauf que le covid est passé par là, et que certaines choses ont (un peu) changé ! Soyons francs, la situation actuelle risque de mettre le cédant dans une position plus fragile qu’hier parlant de négociation.

Les jours à venir ne seront sans doute pas les meilleurs pour céder
Pour nous, la crise laissera des traces, à tout le moins momentanées. Déjà, nombre d’entreprises vont disposer d’une trésorerie plus ‘light’, en restant mesuré. En gros, elles risquent d’avoir moins de cash, plus d’endettement financier, des résultats moindres, voire des pertes. Sans compter que, pour d’autres, les marchés futurs risquent également d’être impactés. Or, dans toutes les méthodes que nous avons abordées, ces réalités moins ‘sexy’ débouchent également sur une diminution de la valorisation. Pour être précis, la prime de risque, c’est-à-dire le rendement supplémentaire que l’investisseur vous demandera pour placer l’argent dans votre PME plutôt que dans un placement sans risque (ex : obligation d’Etat), sera également susceptible d’augmenter.

Défendre la valeur de votre entreprise
Dans la négociation entre un cédant et un acquéreur, tous ces éléments auront forcément un impact. Et, malheureusement, en tout cas si vous êtes cédant potentiel, les arguments vont peser en faveur de l’acheteur. Certes, en tant que cédant, vous essayerez probablement de justifier la situation par son caractère passager. Mais le repreneur, lui, sa prise de conscience du risque sera dorénavant plus prégnante. Et son impact par rapport à votre proposition sera réel. Ce qui était vrai jusqu’en février 2020 ne le sera ainsi plus forcément dans un avenir à moyen terme.

Faire des concessions
La réalité que nous venons de décrire est sans doute un peu cinglante au soir d’un engagement de patron. Et pourtant, vous cacher la vérité n’aurait pas de sens. Nous pensons en effet qu’un patron averti est plus aguerri pour réagir. Vous ne devez donc rien ignorer de ce qui fait la valeur de votre outil pour faire face à un potentiel acquéreur. Mieux, il nous semble important de vous ouvrir les yeux sur le fait qu’il vous faudra peut-être, bon gré mal gré, accepter certaines concessions si vous souhaitez défendre la valeur de votre entreprise. Les concessions en question ne seront peut-être pas simples à ‘digérer’, nous en avons pointés deux parmi d’autres, à savoir le crédit vendeur et les clauses d’earn out.

Pour conclure…
Ces deux mécanismes (qui ne sont pas les seuls) vont à l’encontre des souhaits habituels d’un cédant. Ils impliquent en effet du risque et/ou de la variabilité au niveau de la valeur. Cependant, pour le cédant, ça peut être une solution pour tenter de conserver des chances de se rapprocher au maximum de la valeur initiale de l’entreprise. C’est le ‘jeu’ de toute négociation, dans lequel chacun doit lâcher un peu de lest pour conclure. Les deux formules expliquées ci-dessus peuvent être une manière pour un cédant d’afficher sa bonne volonté et démontrer qu’il croit au potentiel de son entreprise. Vous vous posez des questions par rapport à la transmission de votre entreprise ? Vous ne savez pas par où commencer ? Contactez notre service transmission, il pourra aborder le sujet avec vous avant de faire appel à de l’expertise externe, en cas de besoin spécifique.

Plus d’infos :
Service d’accompagnement financier et transmission
Benoît Lescrenier
Tél. : 061 29 30 47 – benoit.lescrenier@ccilb.be